Regards extérieurs sur l’innovation
13 mai 2022
C F
Nous avons voulu échanger sur ce que signifie « innover en agriculture » avec différents acteurs du réseau de la Fondation Pierre Sarazin. Cette démarche d’innover est à la base une démarche personnelle de l’agriculteur ou d’un groupe d’agriculteurs. Mais, elle peut nécessiter, selon l’innovation, d’être accompagnée soit par des organisations professionnelles agricoles type chambres d’agriculture et syndicats ou évidemment par des financeurs. Ce sont leurs points de vue que nous avons voulus entendre. Comment perçoivent-ils l’innovation ?
Bruno BOVE est directeur commercial Agriculture et Viticulture de la Banque Populaire Auvergne Rhône-Alpes. Il a notamment participé à notre Rencontre des Lauréats en 2018. Jean-Claude PELLEGRIN est vigneron coopérateur dans les Bouches-du-Rhône, lauréat de de la Fondation Pierre SARAZIN, président de la Fédération des caves coopératives du département et de la commission vin de la Chambre d’Agriculture. Il a contribué à la reconnaissance des vins de Pays devenus IGP et est à l’origine de la création du CNIV (Intervin), Comité National des Interprofessions des Vins à appellation d’origine et à indication géographique, qu’il préside également. Membre du conseil viticole de FranceAgriMer et du Comité National INAO-IGP, il préside, enfin, l’Association Régionale d’Expérimentation et de Développement Viticole (AREDVI).
Innovation et Résilience
Nos deux interlocuteurs partagent le fait que l’innovation est inhérente à l’agriculture. Jean-Claude PELLEGRIN, y voit un passage obligé, une nécessité de s’adapter face à la demande sociétale et aux enjeux de la croissance attendue de la production, tout en faisant face aux changements environnementaux. Bruno BOVE va même jusqu’à parler de résilience, dans le sens d’une capacité à innover pour faire face à une difficulté, citant alors Sénèque :
« N’attendons pas que l’orage passe, apprenons à danser sous la pluie. »
Innovation, synonyme d’équilibre
Bruno BOVE nuance toutefois son propos en précisant :
« Innover ne veut pas dire diversifier pour trouver d’autres sources de revenus. L’innovation ne peut pas être une réponse à une difficulté financière. Elle doit apporter un « plus » à l’exploitation, permettre d’améliorer un process et ne pas avoir de conséquences négatives si la réussite n’est pas celle escomptée.Innover implique parfois des investissements importants, il est donc impératif d’évaluer les enjeux économiques des projets. »
Jean-Claude PELLEGRIN insiste sur le nécessaire équilibre entre les trois piliers de l’innovation : la recherche de performance, la faisabilité technique et la rentabilité du projet.
« On ne peut pas demander à l’agriculteur d’assurer sa mission nourricière de manière accrue sans mettre les moyens en face. Et c’est pour trouver ces moyens respectueux de l’environnement mais préservant aussi la productivité que l’innovation a tout son rôle à jouer. »
C’est quoi innover ?
Les projets que rencontrent nos interlocuteurs dans leurs quotidiens professionnels sont variés. La question de la transition énergétique et de la préservation de l’environnement est omniprésente. La Tech a également le vent en poupe, Jean-Claude PELLEGRIN travaillant lui-même en collaboration avec des start’up pour faire avancer la recherche dans la lutte contre la Flavescence dorée. Les projets novateurs sont aussi
« porteurs d’une vision différente du métier d’agriculteur, notamment en matière de qualité de vie et de conditions de travail », ajoute Bruno BOVE.
Jean-Claude PELLEGRIN souligne l’importance de la coopération, du partage de l’information pour éviter la redondance.
« Un chercheur qui cherche dans son coin ne fait pas avancer la recherche. Pour faire bouger les choses, il faut comparer, écouter les différents points de vue et expériences. Sinon chacun passe son temps à réinventer l’eau chaude ».
Bruno BOVE corrobore ce propos en évoquant notre Fondation :
« Un accompagnement extérieur comme le fait la Fondation Pierre Sarazin est un gage de sérieux. Les lauréats sont en mesure de démontrer l’intérêt de leur démarche au-delà du seul cadre de leur exploitation. Cette ouverture d’esprit témoigne d’une vraie réflexion autour du projet. De plus, le « filtre » de la Fondation, dont la gouvernance est celle de connaisseurs en matière agricole, atteste d’une vision intègre et vertueuse de l’Agriculture. »